Exposition "Archi'feutre"
Jusqu'au 5 octobre 2014
L’exposition « Archi’feutre » est signée Marion Lyonnais qui avait déjà conçu la scénographie de l’Atelier-Musée du Chapeau pour son ouverture. Elle prend place dans l’ancienne chaufferie de l’usine Fléchet particulièrement intéressante pour sa hauteur – près de 8 mètres -. La neutralité de l’espace nous a permis de disposer librement du volume et de l’ambiance.
Nous souhaitions que ce lieu soit animé entièrement au service du chapeau appréhendé à la fois en tant qu’objet fonctionnel, de création et en tant qu’accessoire porté, non traité comme un objet d’art. La conception de l’exposition devait aussi intégrer le thème « Archi’feutre » imposé aux modistes et designers. Cette ancienne chaufferie devient un décor mais pas seulement, car nous souhaitons que la mémoire de ce lieu ne s’efface pas totalement.
Pour investir l’espace, Marion Lyonnais s’est inspirée d’une pensée de Gilles Deleuze et de sa conception des « espaces lisses et striés », deux idées complémentaires.
Gilles Deleuze est un philosophe français -1925-1995-. Il est décrit comme celui qui crée des concepts.
L’espace lisse se définit par l’horizon, laissant libre cours au mouvement et le strié, un espace fabriqué, ordonné. L’architecture est les deux à la fois. D’un côté, elle est art, mais aussi géométrie par le respect rigoureux, absolu des proportions, des lignes, des styles…
Le strié et le lisse organisent les deux salles.
Dans l’exposition, le strié est symbolisé par les lignes au sol qui tracent le chemin tout en prolongeant l’architecture du lieu, en particulier la trame des fenêtres. Ces lignes matérialisent l’espace et l’exposition conduisant le visiteur dans un cheminement qu’il suit comme un défilé. Cette délimitation est encore accentuée par les panneaux-décors en toile double noire, omniprésents, les lignes lumineuses et les accroches de ces différents éléments qui descendent du plafond, structurant ainsi l’espace. Les lignes horizontales et verticales rappellent ainsi la trame et la chaîne du tissu.
Le lisse est défini par l’architecture de cette exposition, éphémère. Mais également par les rangées de cloches donnant à voir la matière feutre, emblème de la mono-industrie locale multiséculaire de la chapellerie. Mais il est aussi caractérisé par la découverte des créations en feutre qui donnent à rêver et par l’imaginaire qu’elles suscitent en nous au fil de l’exposition.
L’architecture et la matière feutre se sont associées pour la dixième édition des Rencontres. Ce thème réunit « le lisse et le strié » : le strié avec des règles propres à la création d’un chapeau - coiffant, proportions, ligne générale, matière imposée…, le lisse avec la libre interprétation du thème et de la matière.
« Archi’feutre » a donné lieu à autant d’interprétations que de chapeaux.
Les 100 chapeaux exposés sont spectaculaires ou classiques, mais tous relèvent d’une grande technicité. Les dix créations primées sont installées sur des balançoires et ponctuent l’exposition.
Les modistes et chapeliers ont été inspirés soit par un monument, un architecte qu’ils ont transposés dans leur chapeau, soit par un élément architectural ou encore ont travaillé autour de l’architecture, de la ligne des proportions.